Une tribune publiée hier dans Le Monde alerte sur le risque grave que représenterait la taxation de l’utilisation des animaux à des fins scientifiques dans le cadre du budget 2026. Les signataires — sociétés savantes, fondations, associations de patients — rappellent que ces amendements ont été rédigés parfois directement avec des groupes militants, sans concertation préalable avec les communautés scientifiques concernées.
C’est précisément ce mode d’élaboration qui inquiète : des décisions lourdes de conséquences sont proposées au Parlement sans expertise scientifique, parfois sur la base d’arguments partiels ou idéologisés, là où un dialogue apaisé et documenté serait indispensable.
Le recours aux animaux est, en France, strictement encadré par une réglementation parmi les plus exigeantes au monde, avec une application systématique du principe des 3R (Remplacer, Réduire, Raffiner). Les chercheurs développent depuis des années des méthodes complémentaires (organoïdes, modélisation, imagerie avancée…) mais celles-ci ne suffisent pas encore à répondre à toutes les questions, notamment en neurosciences ou dans les maladies psychiatriques.
Taxer ces recherches détournerait les financements destinés aux patients, freinerait la formation des jeunes scientifiques et affaiblirait la souveraineté scientifique de la France. Alors même que, selon un sondage Ipsos 2023, plus de 7 Français sur 10 soutiennent le recours aux animaux lorsqu’il s’agit de faire progresser la santé, à condition que cela soit strictement encadré.
Ce que soulève cette tribune dépasse la question budgétaire : c’est la nécessité de rétablir une méthode fondée sur la responsabilité, la transparence et la coopération, en associant en amont les experts scientifiques, les organismes de recherche et les citoyens. Ne pas construire ce dialogue, c’est prendre le risque de décisions déconnectées du réel, et donc contre-productives — pour la science, mais surtout pour la société.
