Bien qu’étant une pathologie tristement commune, la maladie d’Alzheimer n’en reste pas moins une maladie dont de nombreuses causes, et surtout de nombreux traitements, restent encore à découvrir. Des chercheurs de la Harvard Medical School ont publié courant août 2025 leurs résultats concernant un acteur connu de la psychiatrie mais rarement exploré dans Alzheimer : le lithium.
Appartenant aux maladies neurodégénératives, la maladie d’Alzheimer concernait en France 900 000 personnes en 2023, avec une prévalence chez la population féminine. Entraînant rapidement une perte de mémoire, d’autonomie et provoquant de la démence, mieux comprendre et mieux soigner cette maladie est un enjeu de santé publique majeur. Pourtant jusqu’ici, les progrès de la recherche ne parvenaient pas à totalement expliquer l’origine de cette maladie, ni à complètement la soigner.
La tendance vient potentiellement de s’inverser suite à une récente étude menée par Bruce Yankner et ses collègues de la Harvard Medical School. À travers des expériences menées sur des souris et des cerveaux d’humains volontaires décédés, atteints ou non par la maladie d’Alzheimer, ils ont découvert le rôle clé du lithium dans la genèse et la régulation de cette maladie neurodégénérative.
C’est à leur grande surprise, qu’ils ont découvert que le lithium est agrégé par les plaques amyloïdes – une des manifestations cliniques de la maladie – chez les individus malades. Dans cet état, ce métal est inutilisable par le cerveau, entraînant de fait des carences dans plusieurs mécanismes naturels de notre corps.
Pour confirmer ce qui se passe en cas de carence en lithium, l’équipe a privé des souris de ce métal de leur alimentation. Résultat : augmentation de l’inflammation, une accélération des défaillances des protéines Tau et une accélération des dépôts amyloïdes, mais aussi une perte de synapses et de myéline (jouant un rôle essentiel dans la transmission des messages nerveux). Des pertes de mémoire ont aussi été observées parmi la population murine. Tous ces phénomènes rappellent les conséquences de la maladie d’Alzheimer.
Dans un second temps, les scientifiques ont fourni à ces souris une supplémentation de lithium via leur eau sous une forme particulière nommée orotate de lithium, forme privilégiée par les chercheurs de par sa capacité à bien moins être agrégée par les plaques amyloïdes. Les chercheurs ont alors réalisé chez la souris qu’à faible dose la molécule permet d’inverser certains signes de la maladie, dont une amélioration de la mémoire.
Ces résultats représentent évidemment un espoir incarné par un potentiel traitement à venir contre la maladie d’Alzheimer. Néanmoins, les auteurs de l’étude rappellent que, bien que l’humain et la souris sont proches, il est trop tôt pour attester de l’efficacité de l’orotate de lithium chez des patients humains. Ils mettent aussi en garde celles et ceux qui souhaiteraient se supplémenter avec cette forme du fameux métal, l’innocuité n’étant pas garantie selon la dose absorbée.
