– Gircor –

Les Échos – Troubles dépressifs : comment notre microbiote influence notre cerveau

Les Échos ont interrogé Eleni Siopi, professeure en neurosciences à l’Université Paris Cité, pour aborder un malaise touchant un grand nombre de Françaises et de Français : la dépression. Souvent associée au cerveau, notre ventre joue pourtant un rôle prépondérant.

On entend souvent que le ventre est notre deuxième cerveau. Structurellement, les intestins sont en effet dotés de plus d’une centaine de millions de neurones, ce qui reste malgré tout bien loin des 100 milliards de neurones qui logent notre boîte crânienne. Mais les similitudes ne s’arrêtent pas à la présence de ces cellules. En effet, des liens ont été établis entre notre microbiote intestinal et les états dépressifs. Mais tout d’abord, qu’est-ce qu’un microbiote ? Il s’agit d’une population de microorganismes (bactéries, champignons,…) qui vivent dans une partie de notre corps. Il existe ainsi le microbiote intestinal, le microbiote buccal, le microbiote cutané… Malgré leur petite taille, ces organismes pèsent plus que nos propres cellules, rien de surprenant donc à l’idée qu’ils puissent agir sur notre fonctionnement (tant en bien qu’en mal).

Eleni Siopi, professeure en neurosciences à l’Université Paris Cité et chercheuse à l’Inserm raconte comment ces minuscules habitants de notre corps peuvent participer chez certains d’entre nous à l’apparition d’une dépression.

Des études sur des souris ont montré, selon la chercheuse, qu’un déséquilibre du microbiote intestinal provoquait une dépression. Pour vérifier que ces microorganismes en sont bien l’origine, les scientifiques ont effectué une greffe fécale d’une souris dépressive vers une souris avec un état psychique normal. Le résultat a été sans appel : le rongeur a développé un état dépressif. Pour compléter cette preuve, ils ont fait l’inverse : microbiote de souris saine vers souris dépressive. L’animal receveur a cette fois perdu ses symptômes dépressifs. La chercheuse avance le rôle du nerf vague qui, au contact des molécules sécrétées par le micriobiote, irait perturber le fonctionnement du cerveau : idée vérifiée chez des souris dont ce nerf a été sectionné.

La scientifique parisienne rappelle enfin l’importance des pratiques liées à la méditation pour agir positivement sur le nerf vague, ainsi que d’une alimentation équilibrée pour réduire les chances d’être atteint de dépression.

Ce sujet de recherche est riche en potentiel d’impact sur la santé de nombreuses personnes. Néanmoins, Eleni Siopi rappelle que des études cliniques sont encore nécessaires pour pleinement prouver ce qui a été découvert chez les souris.


 

Cet article a été téléchargé depuis gircor.fr


– Gircor.fr – Comprendre la recherche animale et ses alternatives –
https://www.gircor.fr/les-echos-troubles-depressifs-comment-notre-microbiote-influence-notre-cerveau/