Le top 10 des mythes sur les vaccins contre la COVID-19

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J’avoue que quand les premières conséquences de la pandémie COVID-19 ont commencé à se faire sentir en mars dernier, je me suis demandé si les activistes contre la recherche animale allaient revoir leurs idéaux face à l’importance que prenait le travail sur les animaux, et qui mettait en premier plan la recherche mondiale contre la maladie.

Des travaux qui avaient été effectués 15 ans auparavant sur des souris étaient désormais brevetées pour créer les vaccins Moderna et Pfizer. Des embryons de souris élevées spécialement étaient décongelés dans les laboratoires à but non lucratif de Jackson. Le travail de l’Université d’Oxford, qui développa son vaccin en utilisant des furets et des primates dans les laboratoires de Public Health England, faisait soudainement la une des journaux. Toutes les affirmations des activistes, qui expliquaient que les études sur les animaux étaient trompeuses et ne mèneraient nulle part étaient réfutées mais cette fois en temps réel.

Mais malheureusement, plutôt que d’ajuster leurs points de vue, les militants ont redoublé d’efforts en faveur de la désinformation. Certains ont d’abord écrit à l’Organisation Mondiale de la Santé pour affirmer, à tort, que les études sur les animaux seraient infructueuses. Plusieurs ont fait valoir, à tort, que certains tests obligatoires sur les animaux auraient été omis. Si certains mythes ont rapidement disparu (qui se souvient de la COVID-19 causée par la 5G ?), d’autres persistent, notamment l’idée que les vaccins n’ont pas correctement été testés. Pour leur part, les militants ont affirmé qu’aucun vaccin qui fonctionnait chez l’animal ne marchait chez l’humain, alors que tous les vaccins COVID actuels ont été testés avec succès sur des animaux avant d’être testés chez l’Homme.

Avec tout cela en tête, nous proposons un rapide aperçu des mythes, encore d’actualité, les plus répandus sur les vaccins et nous les démystifions.

1. Bill Gates a breveté la COVID / veut vous injecter une micropuce

La Fondation Gates fait des dons à l’Institut Pirbright, qui s’appelait auparavant l’Institut de la santé animale. Il s’agit d’un institut de recherche spécialisé dans les maladies affectant les animaux d’élevage. Il existe des centaines de types de coronavirus, mais une poignée seulement infecte les humains. L’Institut détient un brevet pour un vaccin contre un coronavirus qui n’infecte que les poulets. Ce brevet ne doit être source d’inquiétudes ni pour les humains, ni pour les volatiles, mais semble à l’origine de cette théorie du complot.

Bill Gates a également suggéré l’utilisation d’un certificat numérique pour les dossiers de vaccination, et non une puce électronique, mais c’est peut-être de là que vient cette idée. Son idée n’a pas été utilisée. Cela dit, puisqu’une micropuce ne peut en aucun cas contrôler une partie du corps humain, si quelqu’un veut m’en injecter une, est-ce que je pourrais au moins avoir une version Intel® Core ™ i9-9980HK? De cette façon, je pourrais être compatible avec mon ordinateur.

2. Des étapes ont été sautées lors du développement des vaccins contre la COVID-19 : les tests sur les animaux et des essais d’innocuité

Aucun test n’a été mis de côté. Les scientifiques se sont préparés à une pandémie depuis de nombreuses années et avaient déjà anticipé certains aspects. La recherche de volontaires pour les essais cliniques des vaccins avait déjà été effectuée et la méthode d’administration des vaccins avait déjà été mise au point. Lorsque le virus est apparu, de nombreux tests sur l’humain, l’animal et en laboratoire ont été effectués en parallèle. En fin de compte, plus de cinq fois plus de personnes ont été testées qu’en temps normal avant que le vaccin ne soit approuvé.

Les organismes de réglementation gouvernementaux du monde entier ont déclaré au début de la pandémie qu’ils exigeraient toujours des tests sur les animaux avant d’autoriser l’administration de n’importe quel vaccin chez l’humain. Les fabricants de médicaments ont commencé à fabriquer le vaccin en amont, en anticipation de résultats probants, afin que les délais habituels liés à la bureaucratie, à la fabrication et aux tests successifs soient éliminés.

Ainsi, les vaccins ont pu être fabriqués en un temps record sans arrondir les angles ni supprimer des étapes.

3. Les tests sur les animaux n’étaient pas nécessaires pour créer des vaccins

Les animaux sont utilisés pour plusieurs raisons, à différentes étapes de la création d’un vaccin. Des études sur souris, furets et primates ont montré que les vaccins étaient susceptibles de fonctionner et d’autres tests sur animaux ont montré que les produits finis étaient sans danger. Les animaux ont également été utilisés dans la recherche biologique fondamentale initiale qui a permis la mise au point des approches vaccinales.

Les vaccins Moderna et Pfizer utilisent tous deux l’ARN messager pour préparer le corps à combattre le virus. Cette technologie a été développée il y a plus de 20 ans à l’Université de Pennsylvanie sur des souris. Ces scientifiques ont découvert comment fabriquer des vaccins à base d’ARN et ont breveté leur travail. Cette technologie a ensuite été utilisée pour pour créer les vaccins contre la COVID-19 en 2020.

4. Les vaccins ne sont qu’une question de profits

Si le profit était le seul motif valable, les vaccins seraient un mauvais investissement. Les bénéfices liés au traitement de la maladie sont bien supérieurs à ceux de la vaccination.

Le prix d’un vaccin contre l’hépatite B, par exemple, est d’environ 50£ pour une dose. La société pharmaceutique en charge de sa fabrication en tirera un petit profit. En revanche, l’Entecavir, qui est le médicament administré pour combattre l’hépatite B – que vous pouvez contracter si vous refusez le vaccin – coûte 363,26 £ pour 30 comprimés. Et c’est uniquement pour un mois de traitement.

AstraZeneca, qui a coproduit avec l’Université d’Oxford le vaccin phare du Royaume-Uni, s’est engagé à fournir le vaccin contre la COVID-19 à titre non lucratif jusqu’à ce que la pandémie se dissipe. Cette position s’oppose à l’idée que les fabricants pharmaceutiques sont purement axés sur le profit.

En revanche, le choix de ne pas se vacciner a des coûts pour la société, tout comme le fait d’occuper des lits d’hôpitaux, d’exposer le personnel de santé à des risques inutiles en plus des coûts de traitement. Une étude a révélé que les coûts de choisir de ne pas se faire vacciner sont 20 fois plus élevés. Environ un tiers de ce coût est directement à la charge de la personne infectée qui subit des pertes de revenus et d’autres frais.

5. Mythe : Les vaccins à ARNm développés contre la COVID-19 modifie l’ADN humain

 Votre système immunitaire peut être comparé à la sécurité dans les aéroports et le coronavirus à un passager avec des bois de cerf sur la tête. Le vaccin informe simplement la sécurité de votre corps d’arrêter toute personne portant des bois de cerf.

N’oubliez pas que les fabricants du vaccin vont aussi se l’inoculer et n’ont pas d’intérêt à le rendre nocif.

6. Le vaccin contre la COVID-19 provoquerait l’infertilité chez 97% de ses receveurs

C’est ce qui arrive quand des médicaments contraceptifs sont administrés à des babouins, et n’a rien à voir ni la COVID-19, ni les humains.

Le YouTuber britannique Zed Phoenix,  a affirmé qu’une source anonyme de la société pharmaceutique GlaxoSmithKline lui avait dit que 61 des 63 femmes inoculées avec un vaccin COVID-19 étaient devenues stériles et qu’un vaccin distinct, spécifique à l’homme “avait entraîné une diminution de la taille des testicules, une baisse de la testostérone et une atrophie marquée de la prostate. »

Cependant, ses déclarations se sont avérées être un plagiat, mot pour mot, d’une étude indépendante de 1989, sur le cancer et l’utilisation de vaccins anti-fertilité sur des babouins.

7. Mythe : Le vaccin COVID-19 mis au point par l’Université d’Oxford et AstraZeneca transformerait les gens en crocodiles ou en singes

Les virus se spécialisent dans le contournement de notre système immunitaire pour infecter nos cellules où se trouve notre machinerie génétique. Ils y implantent leur propre programme et détournent notre système pour créer des milliers de nouveaux virus. Et ces virus, comme par exemple les adénovirus, peuvent être désactivés en remplaçant ce programme viral par quelque chose qui peut aider à combattre la maladie. Les virus deviennent alors des vecteurs du vaccin, un peu comme une enveloppe dont le contenu d’origine a été retiré et qui est réutilisée pour une lettre différente.

Dans le cas des vaccins Oxford/AZ, le virus-enveloppe, appelé vecteur, est un adénovirus qui infecte généralement les chimpanzés. Les scientifiques ont supprimé l’information infectieuse et pathogène de l’adénovirus pour la remplacer par des instructions qui permettent au corps de développer une immunité contre le coronavirus. L’adénovirus de chimpanzé est un moyen pour faire parvenir cette information aux cellules du patient qui aident votre corps à reconnaitre et à éliminer le coronavirus, mais il ne peut certainement pas les transformer en signes ou en crocodiles.

8. Mythe : L’Agence britannique de réglementation des médicaments et des produits de santé (MHRA) utilisera l’intelligence artificielle pour surveiller la sécurité des vaccins COVID-19, car l’agence sait que les vaccins sont extrêmement dangereux

La MHRA contrôle tous les médicaments et vaccins et a signé un contrat à une société d’intelligence artificielle pour les aider à le faire. Il n’y a rien de particulièrement différent à propos des vaccins Covid-19, sauf que le programme de vaccination est énorme et nécessite donc une technologie supplémentaire pour le suivi.

9. Les conséquences de la COVID-19 ne sont pas si graves avec une mortalité de 1 à 2%

Un taux de mortalité de 1 à 2% est 10 à 20 fois supérieur à celui de la grippe saisonnière. Le taux de transmission de la COVID-19 est plus élevé que celui de tous les virus de ce siècle ou du siècle dernier.  Les nombreux patients nécessitant des soins hospitaliers prennent la place d’autres qui ne reçoivent plus les soins dont ils ont besoin. Cependant, la mort n’est pas la seule issue problématique avec la COVID-19 car il y a aussi des personnes gardant des séquelles qui leur changent la vie, notamment des accidents vasculaires cérébraux, une insuffisance rénale ou des difficultés respiratoires.

Une étude récente chez la souris montre également comment le virus peut affecter la centrale énergétique de vos cellules, les mitochondries, et peut en conséquence provoquer la défaillance de plusieurs de vos organes.

Crédit photo :  JCI Insight/UCLA Broad Stem Cell Research Center. Extrait

Cellules du muscle cardiaque d’une souris non-infectée (à gauche) et d’une souris infectée par le SARS-COV-2 (à droite). La désorganisation des cellules et des mitochondries dans l’image de droite est associée à un rythme cardiaque irrégulier conduisant à la mort. 

10. Les vaccins contiennent de l’alcool / du mercure, etc.

Il existe différentes formes d’alcool, certaines que vous pouvez boire et d’autres non. Les alcools que vous ne pouvez pas boire sont utilisés en petites quantités dans certains médicaments comme les vaccins en tant que conservateurs. Pour les musulmans, il est interdit de consommer l’alcool, mais pas de faire usage de l’alcool dans les médicaments s’il n’est pas toxique.  

De même, il existe des formes nocives de mercure qui s’accumulent dans le corps et d’autres formes qui ne s’accumulent pas. Ces versions inoffensives ont été utilisées, dans le passé, pour améliorer le fonctionnement des vaccins, mais maintenant, les vaccins COVID-19 ne contiennent plus aucune des formes du produit chimique.

Bien évidemment, les animaux ont été essentiels à la création des vaccins contre la COVID-19 actuellement en cours de déploiement à travers le monde. Bien évidemment, ceux qui prétendent que les études sur les animaux ne conduisent pas à des applications concrètes chez l’humain ont tort, encore une fois, et avaient tort avant même d’avoir couché leurs idées sur le papier, car ils ne connaissaient pas les expériences qui avaient eu lieu des années plus tôt.

Nous ne pouvons pas empêcher les trolls d’inonder internet de mythes autour des vaccins et nous ne pouvons pas empêcher les militants contre la recherche animale d’inventer des mythes autour de la recherche, mais dans les deux cas, il est essentiel que la communauté scientifique se lève pour défendre la vérité. S’ils ne sont pas contestés, ces mythes s’ancrent et deviennent réalité. Il n’y a rien « d’éthique » à cela. Les militants ne devraient pas prétendre le contraire.

Article Original de Chris Magee, publié le 1er février 2021 par Understanding Animal Research  

Traduction française de Mia Rozenbaum

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