
La culture du soin ou « Culture of care » se caractérise par une préoccupation quotidienne du bien-être animal, à tous les niveaux de l’organisation d’un établissement. La prise en compte du bien-être animal est alors un facteur essentiel dans le bon fonctionnement et l’organisation de l’établissement. A la notion de bientraitance des animaux s’ajoute une notion de bienveillance. Pour en savoir plus, le Gircor a échangé avec Thierry Decelle, Chief Veterinary Officer à Sanofi.
Comment est née cette notion ?
Thierry Decelle : Elle est née du constat que d’appliquer des normes ne suffit pas à assurer et améliorer le bien-être animal. Les bonnes pratiques sont essentielles, mais sans l’engagement affiché de la direction des centres de recherche et l’empathie du personnel scientifique et animalier, il manquerait une dimension fondamentale pour la prise en compte effective de la qualité de vie des animaux. A titre d’exemple, la taille d’un enclos n’est pas suffisante pour le bien-être animal, il faut à l’animal un environnement social stable, une interaction positive avec le personnel en charge des soins, une capacité à répondre rapidement aux besoins des animaux…
Concrètement, comment cela se traduit sur le terrain ? Pouvez-vous démontrer son application au quotidien ?
TD : La notion de culture couvre effectivement une dimension abstraite qui touche l’engagement de la direction des établissements, la compassion pour l’animal, la volonté d’améliorer en continu le bien-être animal, l’attitude de l’ensemble du personnel. Malgré cette subjectivité, c’est quelque chose que l’on ressent quand on visite une installation et rencontre les professionnels.
Sanofi a développé un système de score qui permet d’appréhender de façon plus objective la Culture of Care. Sur la base d’un questionnaire global, un score est calculé pour estimer les 2 dimensions : l’engagement des professionnels et celui de l’entreprise. Nous avons établi un programme global, mais aussi local, pour améliorer ce score. Ce programme s’appuie sur des actions concrètes qui permettent de générer une dynamique positive. A titre d’exemple :
- Ce sont des comités d’éthique plus transparents, une charte interne pour assurer leur indépendance et leur impartialité ;
- Une formation renforcée pour répondre aux attentes des professionnels : sur le bien-être animal, sur un meilleure maitrise de leur communication, la fatigue compassionnelle ;
- Une meilleure diffusion de l’application des 3Rs et partage des bonnes pratiques, ainsi qu’un engagement explicite dans une réduction globale de 50% en 10 ans ;
- Etc.
Pour connaitre l’impact, il faudra attendre les résultats de la prochaine évaluation fin 2023…
Quelles sont vos attentes quant à son application aujourd’hui ? Demain ?
TD : Comme je viens de le signaler, la mise en place d’un programme devrait nous permettre d’être meilleur. Cependant, il s’agit avant tout d’une prise de conscience collective que la culture du soin représente une valeur essentielle et génère une dynamique positive. Des professionnels plus motivés à qui nous donnons plus de moyens constituent les garants des meilleurs soins et de l’amélioration continue des pratiques.
Mon attente est que chaque professionnel qui participe à la découverte et au développement de médicament soit fier de la façon dont nous traitons les animaux et nous incite à toujours progresser.
Pour en savoir plus :
- Document de travail portant sur les structures chargées du bien-être des animaux et les comités nationaux afin de satisfaire aux exigences définies dans la directive EU/2010/63, octobre 2014.
- EFPIA, Leaflet introducing the concept of a Culture of Care.
- Questionnaire d’auto-évaluation sur la Culture of Care – fichier en FR, EN, DE.
- Sally Robinson, Sue Sparrow, Bella Williams, Thierry Decelle, Thomas Bertelsen, et al. (2019). The European Federation of the Pharmaceutical Industry and Associations’ Research and Animal Welfare Group: Assessing and benchmarking Culture of Care in the context of using animals for scientific purpose, in Laboratory Animals (0) 1-12.